Nicolas Sarkozy promet qu’il se battra pour que le Pen et Besancenot disposent des signatures nécessaires et puissent se présenter aux présidentielles. Il se pose alors en modèle de vertu, en démocrate exemplaire, affirmant avoir au cœur et aux tripes le soucis de la pluralité des idées. Il oublie toutefois de préciser que les difficultés rencontrées par le candidat du Front National ne sont pas le fait du hasard. C’est Sarkozy et son équipe qui, à, plusieurs reprises, ont modifié les règles électorales avec la conséquence immédiate et inévitable de rendre la course aux signatures quasi impossible pour le leader frontiste. Le fait de rendre public le nom des parrains, dans le climat que nous connaissons et qui est celui de la France, où la haine anti-le Pen est saluée comme l’engagement civique et citoyen par excellence, voir son nom dans la liste de celles et ceux qui auront permis à le Pen d’être présent et de faire le score historique que l’on attend de lui a évidemment tout pour dissuader. Et c’est bien ce qui se passe pour le camp le Pen, y compris dans les jours de la toute dernière semaine.
Sarkozy plus que jamais, place un fossé entre la démagogie médiatisée et les combines sombres de couloir.
Etonnant pourtant cette volonté de voir le Pen se présenter, lui, comme Ministre de l’intérieur, qui sait très bien que les sondages publics qui donnent le Pen à des scores de plus en plus petites sont faux et qu’ils ont pour mission non d’informer de l’état de l’opinion, mais de la diriger. Le phénomène Bayrou n’existe que dans les instituts de sondage, et le candidat UMP le sait. Il sait aussi que le score de le Pen risque d’être si élevé qu’il est parfaitement envisageable que, pour la seconde fois en cinq ans, il se retrouve au second tour. Face à qui ? Probablement face à Sarkozy, car Ségolène Royal, après ses débuts médiatisés, s’en finit plus de dégringoler dans la considération de l’opinion publique qui s’aperçoit, un peu tard, que derrière la tailleur et les sourires niais, le personne de Royal est un peu fade. En tout cas pas politique du tout, et encore moins capable de gérer l’Etat français.
La vraie compétition se situe entre Nicolas Sarkozy et Jean-Marie le Pen. Le premier, en se posant en défenseur de la candidature de le Pen, espère apparaître aux yeux de l’électorat frontiste comme « le démocrate qui a permis au candidat le Pen d’être présent », et ainsi attirer à lui une partie des électeurs le Pen au second tour. C’est là la version « officielle », celle que l’on donne pour expliquer que le Ministre des élections donne un coup de pousse à le Pen. La vérité, c’est que Sarkozy sait que la probabilité d’être au second tour face à le Pen est immense, peut-être inévitable, et que face à un tel candidat, comme cela s’est passé en 2002, il a toutes les chances de vaincre avec une écrasante majorité tandis qu’en face de Ségolène Royal, la victoire est moins sûre et quand bien même elle arrive, elle ne sera pas aussi triomphale et massive que face à Jean-Marie le Pen. Or, Sarkozy aime le triomphal, le massif, le fulgurant, et il rêve d’une victoire écrasante. Pour cet homme dont le nombril est au centre de l’engagement, vaincre à la décimale n’est pas une option.
Méditons les mots d’Olivier Pichon, rédacteur en chef de Monde & Vie, qui dit « En réalité, les sondages donnent le Pen devant Sarkozy depuis juin 2006. Il est réellement en tête des intentions de vote du 1er tour. Les candidats le savent ».
Donner des signatures à Besancenot, contrairement aux apparences, c’est rendre service à Sarkozy. Si le candidat rouge n’est pas présent, la plupart de ses électeurs se reporteront par défaut sur Ségolène Royal, risquant ainsi d’en faire l’adversaire du second tour de Sarkozy et privant ce dernier de la victoire écrasante qu’il entend obtenir contre le Pen.
source: http://politikal.hautetfort.com/archive/2007/03/12/parrainage-et-democratie.html
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